Rapa nui !! (la "grande Rapa", autre nom donné à L'île de Pâques qui ressemble à l'île de Rapa appartenant à l'archipel des Australes en Polynésie, c'est l'île la plus éloignée de Tahiti (6 à 8 heures de vol) )
Destination mytique que nous avions hâte de découvrir ! ou de redécouvrir, pour Bernard qui y était allé il y a 20 ans. Il a trouvé que l'île s'était beaucoup développée, le tourisme étant maintenant balisé.
L'île de Pâques fait partie du "triangle polynésien", formé de l'Ile de Pâques, la Nouvelle-Zélande et Hawaï, la Polynésie étant au centre de ce triangle. Tous ces peuples auraient des origines communes, principalement asiatique. La Polynésie aurait rayonné et l'on pense que des polynésiens sont venus en pirogue peupler l'île de Pâques, ces polynésiens étant originaires a priori des archipels des Marquises et des Australes au Sud de Tahiti...
Aujourd'hui, la population pascuanne est partagée entre des origines polynésiennes et chiliennes. L'île de Pâques appartient au Chili, on y parle espagnol, et très mal toute autre langue !! Notamment l'anglais, mais aussi le français à part quelques exceptions, nous en avons fait l'expérience ...!
L'Ile de Pâques est desservie par la compagnie chilienne Lan, avec maintenant un vol quotidien depuis Santiago du Chili, mais qui ne se prolonge jusqu'à Tahiti qu'une fois par semaine !! On est donc obligés de partir une semaine minimum à l'ïle de Pâques lorsqu'on fait l'A/R de Tahiti, sauf à refaire le tour de l'océan Pacifique pour revenir...
Les décalages ne sont pas pratiques : 5 heures de décalage horaire par rapport à Tahiti, et 6 heures de vol, voyage de nuit car l'escale à Tahiti se fait toujours la nuit. Partis à minuit 20 heure de Tahiti pour arriver à 11h05 heure locale pascuanne (6h05 heure tahitienne).
Vu qu'on dort très mal dans l'avion et avec le décalage, il faut déjà 1 jour ou 2 pour bien récupérer !! Ensuite, le rythme est totalement différent de Tahiti, c'est plus un rythme "à l'espagnole", on se lève plus tard et on se couche plus tard, contrairement à Tahiti ou on fait tout très tôt !!
Nous logions à Hanga Roa, "ville" principale de l'île (environ 5000 habitants vivent sur l'île au total). Voyage semi-organisé, avec 2 jours et demi d'excursions et le reste en temps libre. Il nous fallait environ 10 mn à pieds pour rejoindre la mer depuis notre hôtel.
L'île n'a que 2 plages dont celle d'Anakena réputée comme étant l'une des plus belles plages du monde !... et comporte 3 anciens cratères de volcans, nous en avons vu 2. Les routes principales autour de l'île sont goudronnées, dès qu'on les quitte elles deviennent des pistes.
Nous voici donc arrivés le mardi 7 février vers midi, accueillis avec des colliers de fleurs ...
... au bout du monde, A plus de 4200 kilomètres de Tahiti, 7400 km d'Hawaï et 7000 km de la Nouvelle-Zélande ...
Nous avons beaucoup aimé l'île de Pâques, son côté sauvage battu par le vent, ses côtes découpées dans la roche volcanique et frappées par les vagues rappelant la Bretagne, ses paysages désertiques à perte de vue, et bien sûr cette folie mystérieuse que la présence de ces innombrables Moai .... et partout des pierres, volcaniques restées à l'état brut, ou des restes d'habitations, de sculptures (pétroglyphes), de Moai... un lieu unique, vivifiant et requinquant comblant pendant quelques jours certains manques de Tahiti ...
Nous avons pris près de 1000 photos, le tri fut difficile (j'ai failli en faire brûler mon déjeuner !) pour réussir à restituer toutes les dimensions de ce voyage et ce que nous en avons ressenti... Nous n'allons pas non plus vous envahir de moai, il y en a tellement sur l'ïle, des centaines....
En plus, nous y étions pendant les fêtes du Tapati, fêtes traditionnelles annuelles où se jouent des jeux - sports et activités ancestrales (compétitions entre équipes), des moments également absolument uniques... L'ambiance était donc particulière, et la population sur l'île bien plus importante que d'habitude.
Pour se mettre dans l'ambiance (photos prises près d'Hanga Roa où nous descendions à pieds de notre hôtel):
Un des modes de transport actuel des Pascuans :
cherchez bien la selle et les étriers !
Le cimetière que vous voyez devant :
La côte :
et juste à côté, une piscine naturelle !
des paysages quasi désertiques, qui semblent n'avoir jamais été foulés par le pied de l'homme :
vallonée par les anciens volcans :
Allez, rentrons dans le vif du sujet, ces Moai... :
La Carrière des Moai :ils étaient taillés dans la roche à même la montagne, couchés, puis relevés pour être mis debout, et ensuite ils étaient transportés et déposés sur leur ahu définitif (ahu : plate-forme servant de support aux moai et sous laquelle étaient enterrés les personnes de la famille).
Tous ces Moai, encore sur leur lieu de taille, ne sont pas encore partis sur leur lieu de destination, ou ne sont pas finis. Avec les années, le niveau du sol a monté, en réalité plusieurs mètres sont enfouis sous terre, ils mesurent souvent entre 5 à 8 mètres de haut.
Vous pouvez voir le Moai taillé dans le flanc de la roche :
Et maintenant, qu'apercevez-vous au fond de la photo ?
On voit, depuis le site de la carrière, un alignement de Moai, le plus important reconstitué, grandiose !... :
Tongariki : je vous laisse vous approcher doucement de ce site splendide :
Admirez ce bel Ahu (construction servant de support aux moai), sacré, il est interdit de marcher dessus, les pierres représentant les ancêtres enterrés dessous. Les Moai sont toujours tournés dos à la mer car ils protègent une famille et/ou un village dont ils représentent les ancêtres. (exception : il existe un alignement tourné vers la mer, représentant des explorateurs).
Et à côté, les coiffes, pukao, qui n'ont pas été remontées :
Ces coiffes sont taillées sur un site particulier, dans du tuf rouge friable.
Voici la carrière des coiffes :
Un peu de réconfort après ce marathon, l'île de Pâques, c'est sportif !
un petit ananas bien juteux à croquer :
Direction la plage maintenant :
La belle Anakena :
plage de sable rose :
Puis, sièste sous les cocotiers :
... et goûter !
admirez les beaux moai surplombant la mer, à l'arrière de la plage :
Les fêtes du Tapati :
Ces fêtes durent 2 semaines chaque année, 2 équipes s'affrontent pour élire la "pascuanne" de l'équipe gagnante. Pendant cette période, la population de l'île double ou triple ! Toutes sortes d'activités ont lieu : cuisine, danse et chant, pirogue, lever de pierre, descente en tronc de bananier...
Concours culinaire, magnifiquement supervisé :
quelle prestance, parfait sous tous les angles !
le but est de cuisiner avec le four polynésien, creusé dans la terre, la nourriture enfouie sur les braises et recouverte de feuilles et de terre, le four reste ainsi fermé plusieurs heures avant d'être ouvert :
Attention, maintenant épreuve absolument unique et perpetuée depuis des générations :
Descente sur des troncs de bananiers :
Voici la colline sur laquelle descendront les concurrents :
la pente est raide ! Je suis montée environ à mi-hauteur, Bernard est monté seul au sommet où il a pu assister à la préparation et au départ des hommes. Nous sommes finalement redescendus ensuite car on ne les voyait pas descendre, d'en haut (trop loin de la piste).
Le spectacle fut incroyable :
La piste est bien balisée :
Tou d'abord, préparation au sommet :
Ca y est, il est parti !
Les trajectoires n'étaient pas vraiment contrôlées et les arrivées des concurrents tout à fait imprévisibles, plusieurs fois ils ont foncé sur la foule en bas, il fallait les suivre de près pour ne pas se faire applatir !
L'épreuve est terminée, nous attendons notre navette, un embouteillage à l'île de Pâques, du jamais vu ! :
la photographe prise en action...
Nous y sommes retournés le lendemain, afin de voir de plus près comment étaient fabriquées les "luges" de bananier, c'est assez impressionnant :
Petite visite d'Hanga Roa et de son port :
Toute une expédition ! nous rejoignions Hanga Roa en 10 min environ à pieds de notre pension
son port :
son église :
sa bière et ses jus de fruit :
ses restaurants et son centre ville :
ses airs de jeux :
Retour en excursion : Rano Kau, l'un des trois volcans de l'île :
A côté de ce volcan est construit un village qui était habité lors du "concours" annuel pour la désignation de l'homme oiseau. En effet, à partir d'une certaine époque, le culte des moaî a été abandonné, remplacé par le culte de l'homme oiseau. Il semblerait qu'un genre de soulèvement et de rébellion contre les Moaî ait eu lieu, se traduisant par le renversement volontaire des statues. C'est pourquoi ces dernières ont toutes été retrouvées allongées et souvent cassées, ce ne sont pas les éléments naturels qui les ont fait tomber mais bien les pascuans eux-mêmes.
Chaque année, une épreuve permet d'élire l'homme-oiseau de l'année. Chaque équipe concourt pour faire gagner un candidat. L'épreuve consiste à nager, en partant de l'île de Paques, depuis le haut d'une grande falaise, jusqu'au motu (petit ilot) où nidifient les oiseaux. Le but est de ramener un oeuf sur l'île sans le casser, le premier qui a réussi gagne. Ils utilisaient des espèces de radeaux très sommaires construits de quelques branches. (il faut garder en tête que sur cette île, tellement éloignée de toute autre terre, l'arrivée d'oiseaux était un évènement très important, d'où leur vénération, on en retrouve sur beaucoup de sculptures).
Ce concours avait lieu au printemps, pendant toute la durée de cette épreuve, les "grandes familles" logeaient sur place, en haut de la falaise, de laquelle ils pouvaient suivre l'avancée des concurrents. Ils habitaient dans des maisons en pierres plates, cylindriques :
Voici les 2 motus, motu iti (petit) et motu nui (grand), ils dormaient dans des grottes sur le petit motu, et les oiseaux nidifiaient sur le grand motu, l'épreuve était difficile, notamment l'approche des motu, car il pouvait y avoir beaucoup de courants :
vu des habitations :
L'homme-oiseau vivait retiré pendant un an, les habitants lui faisaient des offrandes et il incarnait l'autorité religieuse.
Enfin, le 2e volcan que nous avons vu, Rano Raraku :
on aperçoit derrière encore des tas de moaï
Bernard a fait une plongée, l'eau est exceptionnellement claire, on peut voire le fonds à 60 mètres de profondeur, l'endroit étant qualifié de désertique en raison de l'absence de plancton. Du coup, il y a beaucoup moins de choses à voir qu'en Polynésie...
de retour de plongée dans le port d'Hanga Roa, l'eau était à 25° et Bernard l'a trouvée froide ... par rapport à Tahiti (à 29°/30° en février !)
La déforestation de la quasi-totalité de l'île de Pacques reste en partie non expliquée. On avance que le culte des moaï pourrait en être l'origine à cause des énormes quantités de bois utilisées pour leur fabrication, notamment pour les relever et les déplacer, quantités disproportionnées par rapport aux resssources de l'île. Certaines "erreurs" auraient également accentué ce phénomène, comme par exemple la venue à une certaine époque, de moutons sur l'île qui auraient accentué cette désertification. Aujourd'hui, des programmes de reboisement sont en cours.